Franck Manigand, la nouvelle génération de vigneron. Vigneron au Château de la Perrière
ActualitésDepuis combien de temps êtes-vous vigneron ?
Officiellement, je suis vigneron depuis 2020. Je suis fils de vigneron, petit-fils de vigneron, installé sur la colline de Brouilly.
Mon frère a repris l’exploitation familiale, moi, je me suis orienté sur l’accompagnement de la filière vin.
J’ai donc exercé un métier de conseil auprès de propriétaires de vignobles, de coopératives, de négoces. Je travaillais avec différents vignobles au niveau français.
Toutefois, j’avais en tête de reprendre un jour un domaine viticole.
Avez-vous toujours voulu être vigneron ?
Au fond de moi, oui. Mais j’ai voulu découvrir le monde viticole de façon générale pour ne pas avoir une vision exclusive de la production. J’ai toujours été attiré par ce métier passionnant. On cultive du vivant, on entretient une relation particulière avec les vignes, avec le vin, avec le raisin.
C’est mon amour du terroir et du vin qui m’a amené à choisir une orientation en filière viticole.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir vigneron ?
Au cours de mon activité de conseil, il me manquait de l’action, je ressentais de la frustration de ne pas aller au bout des choses.
J’ai décidé de reprendre un domaine viticole pour aller au bout de mes convictions, de mes envies. Le Domaine du Château de la Perrière est un secteur que je connais, car je suis originaire du village.
Quelle est votre vision de la viticulture ?
Dans mon travail de la vigne, la préservation de l’environnement et du vivant tient une place importante. Je crois beaucoup au vivant, c’est pourquoi je suis attiré par des terroirs aussi intéressants que ceux-là. Je souhaite passer en bio et sélectionner des raisins issus de parcellaires. J’ai la volonté d’apprendre toujours un peu plus, ainsi, je m’intéresse également à la biodynamie pour la viticulture.
À travers mon activité de vigneron, je recherche l’authenticité des terroirs. J’estime que nous avons la chance d’avoir un cépage et un terroir singuliers, que nous pouvons montrer.
J’opère un travail sur les lieux-dits pour délimiter des aires en premier cru. L’objectif est de valoriser chaque îlot, chaque parcelle, chaque lieu-dit, pour mettre en avant la subtilité du Gamay, qui donne des choses vraiment différentes selon le terroir où il est cultivé.
Le Beaujolais est une terre de convivialité, d’accueil, il faut continuer à être attractif pour inventer de nouvelles choses. Je pense qu’en tant que vigneron, il est important de développer l’accueil, les expériences pour les consommateurs. Une partie de mon activité consiste à créer des éléments de rencontre avec les consommateurs : des visites dégustation, des balades dégustation, des soirées à thème…
Dans cette idée, j’ai participé en 2022 à « Bienvenue en Beaujonomie », un festival qui mêle vins, gastronomie, territoires et paysages. Cet évènement invite les vignerons à ouvrir leurs caves, en association avec un chef cuisinier, pour faire découvrir la bistronomie.
Pour moi, la viticulture, c’est le partage au niveau culturel, historique, le partage d’expérience. C’est participer aux assemblages, à des travaux, à des ateliers culturels et artistiques.
Que pouvez-vous me dire sur votre domaine ?
Le Domaine du Château de la Perrière est un domaine très ancien : la famille qui le possédait est installée dans la région depuis le XVIIᵉ siècle.
Lorsque l’ancien propriétaire est parti en retraite, le domaine comptait 12 hectares. J’ai eu la chance d’en acquérir deux de plus, il fait donc désormais 14 hectares.
J’ai tout de suite voulu passer en bio. J’ai restructuré l’exploitation en arrachant 5 hectares de vignes, que j’ai replantés progressivement. J’ai replanté une partie en Chardonnay, car en Terre des Brouilly, nous avons un dôme argilocalcaire qui permet la culture du Chardonnay. Désormais, je travaille beaucoup en parcellaire, pour proposer des cuvées parcellaires.
L’ancien propriétaire vendait tout aux négoces. Pour ma part, je souhaite progressivement développer la commercialisation en bouteille pour valoriser le terroir et le territoire en capitalisant sur les vins ainsi que les paysages magnifiques que nous avons en Terre des Brouilly.
Quelle est votre vision des appellations Brouilly et/ou Côte de Brouilly ?
Ces appellations reflètent pour moi des terroirs singuliers, l’énergie présente sur ces terroirs, notamment sur la colline de Brouilly qui est incroyable et qui nous donne bien. Je pense que dès qu’on permet à la vigne de s’exprimer, on obtient des résultats incroyables.
J’apprécie le caractère, la singularité et le dynamisme de ces appellations. Avec mes collègues vignerons, nous participons à faire évoluer et connaître cette singularité. Cela me fait chaud au cœur de participer à mieux faire connaître cette région.
Pour moi, le Brouilly, c’est la gourmandise, le fruit, la générosité. Le Côte de Brouilly, c’est la minéralité, la finesse avec un caractère racé.
Quel est selon vous le meilleur moment pour déguster un Brouilly et un Côte de Brouilly ?
Je dirais tous les moments !
Le Brouilly est un vin qu’on partage avec des amis, lors d’une soirée, à l’apéro, pour un apéro qui se prolonge, où on refait le monde, et où l’on partage un agréable moment.
Le Côte de Brouilly, je l’associerai plus à un repas de famille, avec la singularité d’un Côte de quelques années, qui a déjà quelques millésimes, et où l’on apprécie de goûter la curiosité du Gamay quand il a 5 ou 7 ans.
Château de la Perrière, Franck Manigand
386 chemin du château, La Perrière, 69220 Saint-Lager
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