L’agroécologie en Terre des Brouilly, une démarche collective et durable

Biodiversité fleurs
Biodiversité coccinelle

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

Le Ministère de l’agriculture en donne cette définition : 

(Comme la définition est un peu longue, vous pouvez la sauter et aller directement lire la réponse simplifiée au paragraphe suivant !)

« L’agroécologie est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Elle les amplifie tout en visant à diminuer les pressions sur l’environnement (ex : réduire les émissions de gaz à effet de serre, limiter le recours aux produits phytosanitaires) et à préserver les ressources naturelles. Il s’agit d’utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement. »

Pour simplifier, on pourrait dire que l’agroécologie est : « l’équilibre de la nature par la nature. »

L’idée première est de commencer par bannir tout ce qui est monoculture, par définition contraire à l’équilibre recherché. La deuxième idée, venue d’une constatation d’abord faite par les maraîchers, est celle qui énonce que les cultures peuvent s’apporter les unes aux autres.

Un exemple ? Allez ! Celui des pommes de terre !

Les plus gros nuisibles pour les pommes de terre sont les doryphores. Or, on s’est rendu compte que les fleurs de lin les font fuir. En agroécologie, ça donne : plus besoin de traiter les plants de pommes de terre avec des insecticides toxiques, ces derniers sont remplacés par des plantations de lin entre les rangs de pommes de terre.

Semis avoine phacélie radis chinois trèfleS TREFLE
Pousses graines

Et dans les vignes du Brouilly, ça donne quoi l’agroécologie ?

En ce qui concerne la vigne des essais sont réalisés depuis une dizaine d’années afin de trouver les plantes partenaires. Les viticulteurs de Terre des Brouilly se sont rendus compte que les céréales apportent un bon équilibre. Le sol du Beaujolais étant d’une grande complexité, le choix des céréales doit se faire en fonction de la singularité de chaque parcelle.

Les plants de céréales sont enfouis dans le sol, après la récolte et le nourrissent. C’est toute la logique de l’agroécologie : quand on prend quelque chose à la nature (en l’occurrence les grappes de raisin) il faut lui redonner autre chose (dans notre exemple les tiges et racines des céréales).

Au niveau des plants, on alterne les rangs de vigne (plantés avec un espacement plus large que de coutume), avec un rang de céréales, puis avec un rang de jachère fleurie, dont le mélange donnera des fleurs toute l’année. Cela est bon pour les abeilles. Leur présence attire toute une faune auxiliaire, utile à la défense de la vigne. En effet, cette dernière est souvent agressée par les araignées jaunes et rouges qui piquent la feuille, ou les vers de la grappe dont les attaques dessèchent ou font pourrir les baies.

Les prédateurs de ces nuisibles peuvent être d’autres petits insectes, mais aussi les chauve-souris et les petites chouettes.

Le rôle de la biodiversité est restauré et renforcé grâce à l’agroécologie

Ces grosses mangeuses d’insectes ont besoin de grands arbres pour s’abriter en journée. Aussi, les viticulteurs ont commencé à replanter des essences adaptées à la terre des Brouilly : pas trop de conifères mais des frênes, des chênes, des érables champêtres, des arbres fruitiers, comme les pêchers et les abricotiers et des haies. Cette végétation attire la faune, le gibier tout en agissant comme brise vent pour la vigne. On constate ainsi que la nature reprend rapidement ses droits.

(Pour tout savoir sur la biodiversité en Beaujolais, relisez notre article : https://terredesbrouilly.com/la-biodiversite-en-terre-des-brouilly/, enherbement des vignes, semis fleuris, haies, grands arbres, vous aurez tous les détails.)

Si la nature est capable de s’équilibrer seule, les viticulteurs doivent cependant accepter qu’un certain pourcentage de la vigne (entre 15 et 20%) soit laissé « aux ennemis », cela fait partie de la philosophie de l’agroécologie. Les plants de vigne sont comme les êtres humains : ils s’habituent aux « médicaments » donc il ne faut pas trop leur en donner, afin qu’ils apprennent à activer seuls leurs défenses naturelles.

Jeune arbre
Jeune arbre

L’agroécologie fédère plusieurs acteurs autour de valeurs communes

Si chaque vigneron doit se fédérer aux autres pour faire avancer le changement sur chaque parcelle de vigne, le territoire a aussi son rôle à jouer. Il y a ainsi tout un travail à faire auprès des municipalités pour leur demander de ne pas faucher les talus trop en profondeur, mais de laisser au contraire pousser les arbustes sauvages, les herbes hautes, pour favoriser la biodiversité et l’équilibre naturel. De même, si on veut replanter des grands arbres, la démarche concerne les vignerons sur leurs parcelles mais aussi les municipalités et les riverains. Il y a tout un travail d’information à faire.

Enfin, les territoires doivent adapter leurs infrastructures à ce nouveau mode de production. En Terre des Brouilly, un gros travail a été mené sur les stations d’épurations naturelles. Le résultat est visible : les poissons sont revenus dans les rivières.

Le Brouilly, précurseur et terre exemplaire de l’agroécologie en Beaujolais

On peut se demander pourquoi et comment cette façon de produire est arrivée en Terre des Brouilly ?

Au départ ce sont de vignerons qui ont fait leurs propres essais, de façon indépendante.
Puis ils se sont concertés, ont échangé leurs résultats et leurs méthodes.

Avec le classement « Géoparc » du Mont Brouilly par l’Unesco, beaucoup plus de touristes sont venus en visite et les vignerons ont constaté qu’il était essentiel de les faire d’abord rêver avec les yeux, en leur offrant de beaux paysages variés, riches d’une faune et d’une flore diversifiées.   Parallèlement l’univers de travail des viticulteurs s’en est trouvé bonifié, leurs produits sont devenus plus authentiques et plus respectueux de l’environnement. C’est le cercle vertueux de l’agroécologie.

L’agriculture française a fait beaucoup d’efforts pour changer ses méthodes depuis les années 80-90. Elle est très largement en avance par rapport à l’industrie de l’automobile par exemple. Les viticulteurs des AOC « Brouilly » et « Côte de Brouilly » (AC qui datent de 1938) ont voulu en reprendre la philosophie de base, c’est-à-dire agir de manière collective. L’association Terre des Brouilly veut attirer un maximum de vignerons vers ces pratiques agricoles et ça marche : les jeunes viticulteurs, comme les moins jeunes, sont convaincus par ces méthodes de culture !

Si les autres crus du Beaujolais ne se sont pas encore fédérés en collectif, certains pratiquent ce type de production individuellement. L’agroécologie est en bonne marche : elle est, c’est certain, l’avenir de l’agriculture !

 

Un grand merci à Robert Perroud qui a patiemment répondu à nos questions et dont les explications détaillées et illustrées ont éclairé notre lanterne !

Nous espérons avoir éclairé la vôtre. Pour en savoir plus sur l’association Terre des Brouilly et goûter des vins produits en agroécologie, suivez le lien :

https://www.espace-des-brouilly.com

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