Environnement et paysage en Terre des Brouilly : création et actions du GIEE

Encore un sigle ! GIEE, que certains prononcent « GI-2E ». Mais qu’est-ce encore ?

Selon la définition du ministère de l’Agriculture : « Les GIEE sont des groupements d’intérêt économique et environnemental qui encouragent l’émergence de dynamiques collectives prenant en compte à la fois des objectifs économiques et des objectifs environnementaux, en favorisant la mise en place de dynamiques au niveau local. »

« OK, OK… Mais encore ? ». On vous l’accorde, nous aussi nous avons cette phrase au bout des lèvres. Alors pour nous éclairer, et comprendre cette définition, remontons à la source et voyons ce que cela implique en Terre des Brouilly.

Vignes et couverts végétaux
Paysage vignes Côte de Brouilly

Les questions environnementales en Beaujolais, Brouilly et Côte de Brouilly

Avant de parler de GIEE, il convient de considérer les objectifs multiples autour des questions environnementales.

Dans le cadre de la Commission Environnement et Paysage de 2018, des vignerons de Brouilly et Côte de Brouilly se sont questionnés sur la manière d’aller collectivement vers une amélioration des pratiques ; de prendre davantage en compte l’environnement et les paysages.

Ils comprennent que de plus en plus de jeunes viticulteurs se lancent dans la conversion bio et dans l’agroécologie. Aussi, sur certains secteurs, de nombreuses initiatives ont vu le jour : l’implantation de haies, l’enherbage, la protection d’espaces naturels ou encore la réintroduction d’arbres. Des initiatives malheureusement peu valorisées.

Or il y a beaucoup d’attentes des vignerons et des riverains à propos de la culture et du traitement de la vigne. Force est de constater que les clients sont à la recherche de vins plus propres et que l’attention dédiée au paysage et au tourisme met largement en avant le vignoble, et plus particulièrement le mont Brouilly, dans le cadre du Geopark.

Ainsi, certains vignerons du Conseil d’Administration des Crus, animés par toutes ces considérations, ont voulu montrer ce qui était déjà fait et ont décidé de se fixer des objectifs communs, pour aller plus loin : « Ensemble, on réfléchit mieux et plus rapidement ».

 

Pour qu’elles soient aussi visibles qu’efficaces, il fallait que les choses changent à l’échelle du cru. Pour en avoir les moyens, il était nécessaire d’avoir une ressource extérieure. C’est ainsi que le collectif a sollicité la Chambre d’agriculture du Rhône qui l’a conseillé dans la création d’un GIEE. Une structure juridique qui a l’avantage d’alléger la gestion administrative souvent chronophage pour les exploitants qui n’ont pas toujours le temps d’écrire des comptes rendus ; mais aussi de leur assurer un soutien et une veille technique, de suivi, d’orientation et de leurs ressources financières.

Plantation arbre
Plantation arbre
Couvert végétal

GIEE en Terre des Brouilly : des enjeux aux premières réalisations

On l’aura compris, les objectifs sont aussi nombreux que vertueux et interdépendants. Ils sont tout à la fois environnementaux, économiques et sociétaux.

 

L’enjeu environnemental est motivé par la volonté d’être de plus en plus propre, en étant toujours aussi efficace, tout en garantissant l’embellissement des paysages. Cela passe par différentes actions : produire plus de biodiversité, traiter d’une manière la plus neutre possible (et réduire ainsi les effets négatifs de la production sur l’eau et l’érosion des sols, notamment).

 

Au sein du collectif, les horizons sont différents. Tous les vignerons ne sont pas en bio, certains le sont tandis que d’autres sont en bio « poussé ». Un des enjeux est donc d’ouvrir le champ des possibles et d’accueillir cette diversité. Pour cela, l’échange entre professionnels est indispensable. Les rencontres permettent de voir ce qui se fait chez les voisins, d’étudier leurs idées, de communiquer sur celles déjà expérimentées, etc.  Une émulation se crée alors autour de nouvelles initiatives.

Par exemple, le traitement à l’huile de sarriette a été testé cette année par plusieurs vignerons.

Les résultats s’étant montrés probants, d’autres viticulteurs ont eu envie d’essayer. C’est le même principe avec des extractions fermentées d’orties, de prèles…

 

Au-delà de ces échanges de bonnes pratiques, le collectif entend aussi rappeler les conventions d’un vigneron engagé et respectueux : ne traiter ni le dimanche matin, ni les jours fériés, ni lorsque des touristes se promènent sur la colline ; utiliser les appareils et outils adéquats.

 

Que les choses soient bien claires, le groupement n’entend pas faire la loi, mais simplement montrer qu’en travaillant ainsi, il œuvre pour le bien du plus grand nombre. En effet, et se révèle là l’enjeu économique, cet effort sur l’environnement a des répercussions positives sur le tourisme, l’œnotourisme et les amateurs de crus.

 

Dernier point fort de cette démarche : l’enjeu sociétal. Les viticulteurs ont un vrai impact sur le quotidien, ce sont eux qui entretiennent les espaces. Selon leur manière de faire, le paysage se modifie. De nombreuses personnes ont pu le constater lors d’une balade-découverte organisée par le collectif, l’occasion pour les viticulteurs de montrer aux participants ce qu’ils faisaient tout en expliquant les enjeux de l’agroécologie. Le dialogue s’est rapidement établi. Il est heureux de voir que le partage d’informations des vignerons à la population vient désamorcer toute intention de jugement ou de conflit. 

GIEE Brouilly et Côte de Brouilly : premiers résultats et actions à venir

Aujourd’hui, une vingtaine de viticulteurs sont engagés dans ce groupe dynamique et motivé.

Les premiers résultats sont visibles ! Les plantations de haies remportent les félicitations avec un volume de mètres linéaires plantés record. Cela méritait une récompense lors du Marathon de la biodiversité organisé par la Communauté de communes Saône Beaujolais.

Des paysages qui n’en sont que plus beaux et la preuve qu’il y a une véritable émulation autour des enjeux et des engagements environnementaux.

Autre résultat, cette fois autour des différentes expérimentations menées dans la culture de la vigne. Monoculture, elle n’est pas du tout en phase avec des écosystèmes naturels, contrairement à une forêt ou à une prairie où il est possible de produire de la biomasse sans polluer et sans travail du sol. Aussi, le collectif a tenté de comprendre comment la nature (mieux armée que nous vis-à-vis des grands changements climatiques) fonctionne afin de copier et d’adapter le modèle à la vigne. Comment produire plus de matière organique et capter plus de carbone ?

L’enherbement des pieds de vigne fait partie des tentatives. Sur une année de forte chaleur et de sécheresse prolongée, comme l’année dernière, les résultats sont mitigés, car l’enherbement entre parfois en concurrence avec la vigne. En revanche, il a été constaté que sur de jeunes vignes, enherbées dès leur plantation, l’effet était différent : la présence d’herbe invite la vigne à développer plus en profondeur son système racinaire.

À l’inverse, l’excès d’eau de cette année a été absorbé en partie par le couvert végétal — herbe et autres végétaux qui poussent entre les vignes. La vigne ne s’est fort heureusement pas nourrie d’une solution de sol nocive pour elle. Enfin, toute la biomasse produite par l’excès d’eau de cette année va être écrasée au sol avant les vendanges. Cela permettra le stockage du carbone et la conservation d’éléments fertiles utiles à la vigne pour le printemps prochain.

 

Dans les années à venir, le groupement envisage de coordonner ce qui est fait sur les domaines engagés tout en dressant un état des lieux : poursuivre la plantation de haies, favoriser le développement des haies spontanées (surtout sur les coteaux actuellement fauchés par solution de facilité). De quoi œuvrer pour plus de carbone et de biodiversité. Faire des périphéries de parcelles — couverts végétaux particulièrement bénéfiques pour la vigne — des zones refuge grâce à des techniques très simples. 

 

Par ailleurs, la balade de sensibilisation ayant rencontré un franc succès, elle sera certainement reconduite l’année prochaine.

 

Ces initiatives suscitent l’intérêt et soulèvent des interrogations, l’objectif premier du GIEE de Terre des Brouilly. Un groupement dans lequel toute personne motivée est la bienvenue, quel que soit son mode de culture. Au regard des variations et des grands changements climatiques, il apparaît en effet opportun de continuer à se poser des questions sur la façon de produire, de chercher à mieux comprendre afin de moins subir. Le GIEE ne propose pas de solution toute faite, mais une réflexion globale pour avancer collectivement et travailler de manière plus résiliente.

Pour déguster dès à présent les crus de Brouilly et Côte de Brouilly, rendez-vous sur notre boutique en ligne.

Nous remercions vivement Sébastien Dupré, Domaine Dupré Goujon et Jonathan Buisson, Domaine les Roches Bleues, pour leurs explications aussi passionnantes que motivantes !